Silence Coupable de la Presse Poker ? Cela Reste à Voi
Les réactions sont nombreuses sur les différents médias sociaux pour condamner le manque d’engouement de la presse ‘Poker’ à demander une enquête officielle sur le scandale du PPT 2009. Mais cette presse est-elle réellement coupable de son silence ?
Le rôle de la presse spécialisée
Nous nous trouvons devant une presse lissée de toute opinion, au lecteur de savoir lire entre les lignes, si par hasard il se trouve quelque chose à lire, car rien n’est moins certain… Une presse sans journalisme d’investigation, car après avoir mené une enquête, il faudrait publier, expliquer et…exprimer une opinion.
Et le 1er boulot de la presse, généraliste ou spécialisée, est de rapporter des faits sans porter de jugement sur le fond du sujet. ‘Nos journalistes retransmettent l’information, au lecteur de se faire son opinion’ affirme Georges Djen lors d’une émission sur French Poker Radio.
Sur le fond, il a raison. L’opinion du corps rédactionnel, en général, c’est le rédacteur en chef qui s’en occupe. L’opinion ressentie auprès du public et de ses lecteurs est argumentée, analysée…sauf que, parfois, il restera dans une totale neutralité, l’exigeant également de ses collaborateurs, au nom d’intérêts supérieurs, politiques ou économiques.
Le rôle des annonceurs dans la presse ?
La presse poker liée aux annonceurs ? Comment cela, la presse poker n’est pas indépendante ? Il aura fallu que ce scandale de la table finale du PPT 2009 surgisse pour que certains s’en aperçoivent…
N’importe quelle presse papier spécialisée perdra une partie de son intégrité et de sa liberté par la publicité incluse pour faire vivre le journal ou le magazine. Un journal spécialisé dans un créneau vivra grâce aux annonces d’équipementiers, et les rooms ou casinos sont les équipementiers du poker, rien de moins…
Sans annonceurs, impossible pour le média poker d’afficher un prix de vente sous les 5€. En fouillant un peu, l’on s’aperçoit que certains coverages sont réalisés uniquement grâce à l’appor préalable d’une enveloppe incluant des ‘articles rédactionnels’ de présentation, en fait une publicité savamment dissimulée.
Bruno Benveniste reconnait, dans un post publié dans ‘Le Journal Off du Poker’, ‘vivre principalement de la pub des Casinotiers et opérateurs’, et admet ne pouvoir ‘s’exprimer aussi librement sur un média comme Poker52’ que sur un forum, en l’occurrence le Club Poker.
Cela démontre une indépendance impossible pour que les directions des magazines ‘Poker’ actuels osent prendre position, c’est-à-dire soutenir leur lectorat lorsqu’ils réclament une enquête officielle.
Le lecteur en est réduit à ne plus pouvoir compter sur ce que certains anciens nommeront encore ‘le 4e pouvoir’. Une presse allant au combat, pour que les choses bougent. Une presse osant pousser les instances officielles à agir, une presse dénonçant les abus, les silences ou les petits arrangements entre copains.
Qui est coupable de cette neutralité rédactionnelle ?
Les annonceurs, dépensant un solide budget annuel, n’accepteront jamais de se faire descendre dans les médias où ils publient… sinon, retrait des campagnes et difficulté pour le média à boucler son budget.
Le média, lui, continuera à jongler entre les désirs de ses annonceurs (du lectorat) et ceux de ses lecteurs (du contenu), en continuant à offrir du ‘pokeristiquement correct’. Et tant pis si une certaine loi tacite du silence est nécessaire pour continuer à exister. Cela s’appelle l’autocensure, un système politico-économique instauré silencieusement, sans lequel il ne pourrait y avoir de publications. C’est dégueulasse, mais c’est comme cela. On ne tue pas la poule qui vous donne un œuf tous les matins.
Quand aux lecteurs … ils aimeraient plus de prises de position, mais n’accepteraient pas de voir le prix du magazine flamber pour un nombre de pages diminué. Si le chiffre d’affaire de cette presse ne baisse pas, c’est que tous, nous la lisons, acceptant et participant cette collusion annonceurs/éditeurs.
Pensez-y également lorsque vous achèterez votre prochain magazine au kiosque.