Interview D’Anthony » La Plume 81″ Lerust Candidat à la Top Shark Academy
Ils sont maintenant 7 candidats au sein de la Top Sark Academy et le parrain de la promo de cette semaine Sylvain Loosli leur a lancé un défi Cash Game : 3 sessions de deux heures chacune, sur 2 tables de NL10 avec une BR de départ de 200€.
A l’issue de l’épreuve, les deux plus petites BR ou tous les candidats en négatif seront nominés à l’élimination. Pour le moment après deux soirées c’est MR_fish qui est en tête suivi de Johnny_Chase. Dernière ligne droite dimanche de 21H à 23H.
Nos aspirants TS devront ensuite rendre un quizz avec 10 situations de Cash Game à commenter, et marqueront pour chacune d’entre elles un point par bonne décision et un point pour la justesse de leur argumentation.
Les deux candidats ayant le moins de points seront eux aussi nominés. Le Major de Promo recevra cette semaine en plus de son immunité pour les prochaines épreuves un package à 1000€ pour le WiPT finale de Paris.
Anthony » La Plume 81″ Lerust arrivé cette semaine ne devrait pas être plus inquiet que ça devant ces épreuves, il est en effet joueur professionnel depuis 2010. Il raconte en toute franchise un parcours compliqué et ses difficultés passées à gérer sa BR et ses émotions.
Une enfance agitée
Anthony voit le jour le 18 mars 1989 à Amiens dans la Somme. Son père maintenant retraité était boucher et sa maman coiffeuse à domicile. Il mène sa vie de fils unique et ses parents divorcent quand il a une dizaine d’années.
« J’ai deux 1/2 soeurs, mais petit j’étais tout seul. Enfin comme j’ai toujours été très sociable, j’avais plein de potes. J’étais un enfant très agité, je ne tenais pas en place, j’arrêtais jamais et je faisais plein de bêtises.
Toujours en mouvement, très actif y compris à l’école du coup je n’étais pas très bon élève. J’avais des capacités mais pas de goût pour les études. En primaire ça allait encore, mais au collège c’est parti en cacahuète. Je ne pensais qu’à sortir avec mes potes, à faire la fête, à trainer et je ne pratiquais aucun sport ou activité qui auraient pu me canaliser. Du coup j’ai arrêté en 3e.«
C’est qui le Patron ?
Après deux ans d’inactivité Antony cherche sa voie, mais a du mal avec l’autorité et les patrons :
« J’ai trouvé une place d‘apprenti boulanger à Paris pendant un an mais ça s’est pas bien passé. Il était beaucoup trop dur avec moi et j’ai du mal avec les règles, les structures rigides. J’ai arrêté et suis quand même resté en bons termes avec lui.
Je me suis ensuite tourné vers la mécanique moto pendant 1 an 1/2 et ça c’était vraiment mon truc !!! Mais mon patron était vraiment un con, il se foutait complètement de mes capacités et m’avait pris comme tête de turc. J’ai arrêté …
En 2009 j’étais de retour en Picardie, pas la région la plus facile pour vivre. Je suis parti avec 2 potes en vacances à Albi et je suis tombé amoureux de cette ville et j’ai décidé sur un coup de tête d’y rester. J’étais un peu dans la galère, j’avais le droit à un petit chômage après mes deux apprentissages et un soir un copain m’a proposé de faire un Poker.
Je connaissais vaguement le jeu ayant un peu joué sur internet sur des sites gratuits. Une partie à 5€ ce qui était énorme pour moi à l’époque et boum je double ma mise. Ça a été un vrai déclencheur pour moi : wow je peux gagner de l’argent en prenant du plaisir !!!
J’avais entre-temps passé un Bac Pro Vente, travaillé comme vendeur-animalier, puis comme chef boulanger pour le père d’une copine qui ne m’a jamais payé, j’en ai eu marre de tout ça et je me suis dis pourquoi pas ?
J’ai vraiment commencé à bosser mon jeu en y prenant du plaisir et j’ai débuté des sessions régulières de Cash au Casino Barrière de Toulouse. Etant au départ une vraie serrure et faisant vraiment attention à l’argent, les résultats sont arrivés de suite. J’ai un peu de mal avec les bouquins, je regardais donc des vidéos et surtout je jouais sans relâche.
J’ai tenté aussi le poker associatif au Albi Poker Club, mais il y avait trop de récréatifs alors que moi j’étais venu pour progresser. Du coup ils m’ont trouvé arrogant et donneur de leçons. Je n’y ai rien appris mais ça m’a permit d’acquérir de l’expérience en live. »
Joueur Pro, on y laisse quelques plumes …
« Entre 2010 et 2011 je suis vraiment passé pro. Ce n’est pas une décision consciente, plus un état de fait : c’est venu tout seul. Je gagnais entre 1200 et 1800€ par mois et me suis orienté progressivement vers les MTT, délaissant le Cash Game.
Il ne faut pas se mentir j’aime l’argent, mais la notion de compétition du Poker de tournoi me fait vraiment vibrer. Quand tu gagnes l’équivalent de deux mois de salaire en une soirée, la décharge d’adrénaline est énorme et me fait planer quelques jours. Cette sensation est vraiment unique et on ne la perd pas puisque les résultats augmentent. «
Anthony obtient de plus en plus de bons résultats sur le net, mais le Live aura raison de sa bankroll. Totalement broke, il part en septembre 2013 s’installer au Portugal sur l’invitation de Pierre Morin :
« Je me retrouve avec 5 joueurs en coloc dans une villa de rêve où tout tourne autour du Poker. Grâce à nos discussions, je passe un cap important dans mon jeu et je vis un deep-run incroyable online mais également live. Tout va bien dans ma vie, j’ai une copine, je gagne bien ma vie et arrive l’EPT Deauville. Je me retrouve en TF comme dans un rêve. On est à 8 left, je suis 6e en stack et c’est la TF de ma vie qui ne durera que 45 minutes.
Le Chipleader open à 2BB, j’ai les As, je 3 bet sove, il snap call avec KQd board 89T K Q. Un coup impensable, qui n’a pas lieu d’être. J’avoue sans honte j’en ai pleuré. Ce coup m’a vraiment anhéanti et je suis tombé dans la dépression. Je n’avais plus goût au jeu, quand je gagnais ça ne me faisait ni chaud, ni froid, je n’avais plus de plaisir à jouer.
J’ai commencé logiquement une période de bad run, c’est un cercle infernal. Cette main m’a minée et je n’arrivais pas à tourner la page d’autant plus que tout le monde m’en parlait à chaque rencontre. Cela peut paraître paradoxal, mais limite j’aurai préféré ne pas vivre cette TF qui m’a tant marquée, malgré les 64 000€ que j’ai pris.
J’ai continué à vivre entre le Portugal et la France où je jouais tous les tournois organisés par APO avec pas mal de succès, mais moins de plaisir. Avec ma copine ça ne se passait pas bien non plus et on a fini par se séparer.
Je suis resté encore un an à cheval entre les deux pays et puis le Portugal a décidé de réguler son offre de jeu en ligne et mes comptes se sont retrouvés bloqués. Rentré en France j’ai par négligence laissé trainer la régularisation de mon compte Wina et je me suis retrouvé avec mon compte fermé aussi. J’étais à nouveau broke.
J’ai mal géré, comme 90% des sharks. On a trop l’impression d’être dans la toute-puissance et on se dit que c’est pas si grave de spew, car on est bon et qu’on regagnera. Il y a des cycles, des cercles vicieux où quand ça commence à aller mal dans ta tête rien ne va bien dans ta vie… »
Anthony et la Top Shark Academy
Après un break salutaire, c’est un LaPlume en grande forme qui revient aux tables. Il se lance au départ un peu par hasard dans l’Aventure TSA :
» J’ai un pote qui s’est qualifié au Stade1 et j’ai décidé de l’accompagner. Je bust de mon premier Stade1, 6e à mon 2e, 9e au Stade2, 13e au Stade3 et pour le Stade4 je termine 2e, avec une pression qui augmente.
J’avais suivi la compétition les années précédentes, à fond derrière Labrik il y a deux ans. C’est un mec exceptionnel, une belle personne, qui gère bien et qui est très bien entouré ce qu’il mérite.
L’an dernier je soutenais également Adrien, j’adore son style, le personnage, ses trash-talks.
Cette année c’est mon tour de tout donner, car pour moi c’est un aboutissement. En fait je ne suis bon qu’aux cartes, je ne sais faire que ça bien. Je pense avoir le bon profil pour représenter Winamax. Je suis un personnage à moi tout seul, je suis sociable, je communique, je fais rire, je suis pro, je pense être quelqu’un de spécial, sans fausse modestie.
Je suis sur pieds mentalement, bien préparé, j’ai peaufiné mon jeu, maintenant je suis aussi conscient qu’il y a une part de chance énorme et des candidats qui vont donner du fil à retordre comme Johnny_Chase ou TOp_sHaRcK par exemple qui sont solides. Et puis il y a les autres challenges, les vidéos, les quizz qui vont réduire la Variance.
Je suis soutenu par une grosse communauté et je reçois plein de messages d’encouragement, c’est vraiment sympa et ça me donne de bonnes sensations. Romain Nardin concurent de l’an dernier que je n’ai jamais rencontré m’a envoyé un MP vraiment sympa.
Pour moi le rôle d’ambassadeur d’une room c’est avant tout du contact avec les joueurs et ça je sais faire !! Par ailleurs je sais ce qu’est le travail d’équipe, grâce à mon ancienne Team des Sharkuteurs et j’espère bien passer encore des caps dans mon jeu, si j’ai la chance de remporter ce contrat. Confronter des plays avec des styles de jeu différents en mettant son ego de côté, voilà comment on progresse.
Maintenant si je bust je saurai aussi relativiser, cette expérience de l’EPT a été salutaire dans ce sens. Je suis détaché de la mauvaise pression maintenant, j’ai travaillé sur ça, j’ai un meilleur mental et je sais ce qu’il faut faire et ne pas faire. Six mois de dépression ça sert à ça… »
Une nouvelle maturité pour Anthony, de la lucidité et du recul, tout en gardant son humour, souhaitons-lui un grand GL pour la suite.