Interview de Sabrina Derdar : Retour Sur Ses Années Poker
J’ai quand même le nez creux !!! Je contacte Sabrina Derdar que l’on voit de moins en moins à Pokerland pour qu’elle m’accorde une petite interview-bilan, on se retrouve vendredi pour boire un café et elle m’apprend que le soir même, elle aura les honneurs du grand public sur TF1 dans l’émission Qui veut épouser mon fils !!!
Joueuse de Poker connue pour sa grande gueule, sexy choriste de clips et de scènes, candidate de télé-réalité, joueuse de Hand, croupière, animatrice Facebook, employée à la SNCF quelle femme se cache derrière cette hyperactivité ? Rencontre avec la jeune parisienne de 33 ans.
Bienvenue dans le 93
Papa algérien, maman marocaine, la petite Sabrina voit le jour à Montreuil petite dernière, derrière une grande sœur et deux grands frères.
« Mais je suis pas la chouchoute hein !! On a des parcours très différents : ma grande sœur qui est l’ainée est secrétaire au ministère de la Défense, un de mes frères est aussi secrétaire mais au ministère de la Justice et le 3e directeur des services informatiques chez Pacifica. Les 3 sont très rapprochés moi je suis venue sur le tard. J’ai 7, 8 et 9 ans de différence avec eux »
Si à la maison Sabrina fait figure de petite fille sage, à l’école c’est une autre paire de manche.
« J’étais je pense calme et sage. Dans mes souvenirs c’est les autres qui se faisaient taper, pas moi. Mon père était chauffeur-livreur, ma mère était femme au foyer et elle jouait du piano. J’ai été fascinée très tôt par la musique, je chantais partout, tout le temps. Je voulais pas devenir chanteuse, non je voulais être Céline Dion.
Et puis aussi vétérinaire, mais vu mes résultats scolaires, j’ai dû revoir plus tard mes ambitions à la baisse !!!
J’ai jamais aimé l’école, être sur une chaise à écouter c’est pas mon truc… Je passais plus de temps à jouer les shérifs en cour de récré qu’à travailler.
J’ai toujours eu horreur de l’injustice, je réglais les conflits entre les autres avec les poings s’il le fallait. Pas que j’étais violente, mais mon père faisait de la boxe et je cherchais maladroitement à l’imiter. J’étais leader, genre chef de bande, je crois que je faisais un peu peur aux autres filles !! Entre le Sport et les bastons, c’est pour ça que j’étais calme à la maison »
Le sport est en effet présent très tôt dans la vie de Sabrina : elle commence le Hand qu’elle pratique d’ailleurs toujours à 8 ans, mais de 12 à 18 ans c’est à la gymnastique qu’elle se voue : elle sera même Championne de France en 1998 avant de retourner au ballon.
« Je suis passionnée de sport depuis que je suis toute petite et de tous les sports. J’aime le dépassement de soi, le mental qu’il faut et encore plus à haut niveau. Je suis admirative des carrières de sportifs et sportives. C’est une des rares disciplines où le fait de réussir, tu ne le dois qu’à toi-même. Devenir Journaliste sportive c’est l’un de mes plus grand rêve aussi maybe… »
Des études chaotiques
Le temps passe et arrivée en fin de 3e Sabrina s’oriente par défaut vers un BEP comptabilité, puis un Bac Pro.
« Alors quand tu te réveilles pas pour l’épreuve de Compta coefficient 8, le bac c’est un peu mort !!! J’ai décidé ensuite de tenter un Bac commercial, que j’ai raté aussi : j’ai privilégié la préparation de mes compétitions sportives. Tu vois je te cache rien, on va pouvoir me chambrer, 2 bacs ratés. Ça ne m’affecte pas trop en fait …je sais que je suis débrouillarde et que je trouverai toujours un moyen de gagner ma vie. Je tente quand même une capa de Droit, mais je vois vite fait que c’est pas pour moi.
Je décide de commencer à bosser et j’enchaine les petits boulots. Dans des magasins d’abord, ensuite je bosse dans une boutique SFR où je deviens adjointe de la Responsable. Ensuite une période de chômage où j’en profite pour tenter d’avoir une vraie formation musicale, mais le solfège ça me soule. Je deviens choriste et je fais de la scène et du studio pendant 3 ans en ayant appris toute seule.
Sur scène c’est le kiff total : j’aime la musique j’aime chanter j’aime partager, je remercie d’ailleurs tous les artistes avec lesquels j’ai collaboré… La chanson me donne le sentiment d’être un peu différente d’avoir comme on me dit un talent et j’ai vraiment envie de continuer là-dedans»
Les années Poker
Elle découvre le Poker en famille dès l’âge de 15 ans : son père et ses frères jouent le dimanche et elle observe. Elle ouvre un compte sur Everest et commence à jouer en Play money. Et puis comme souvent dans la vie le petit coup de pouce du destin.
« Je travaillais comme téléprospectrice dans une boîte, c’était cool j’avais toutes mes après-midis de libres pour la musique. Une de mes amies vient passer un entretien pour bosser avec moi et elle reçoit un appel de sa cousine : le Cercle Wagram à Paris recrutait des croupières. Je décide de me présenter, ça marche et je commence la formation d’une semaine, puis me retrouve à dealer aux tables »
Une semaine ce n’est pas un peu court ça pour apprendre le métier !!??!!
« Au départ on était en doublon et puis c’était plus facile pour moi puisque je savais jouer et connaissais les règles. Et puis c’est une question de personnalité : il faut savoir tenir sa table. T’as quand même 10 mecs qui jouent de l’oseille sous ta responsabilité : il faut se faire respecter et ne pas hésiter à distribuer des tours de pénalités. J’ai fait ça 8-9 mois et j’ai vraiment kiffé. Sauf la clope quand tu étais non fumeuse à l’époque c’était vraiment hard !!! »
Un tournoi Ladies est organisé qui servira de casting à l’émission Poker Las Vegas.
« Je suis prise en compagnie de Claire Renaut et de Marion Nedellec notamment. Fabrice Soulier est prof aux côtés d’Elky et Claire tombe folle amoureuse de lui. C’était beau à voir, un vrai coup de foudre !!! »
Durant le tournage on leur laisse une soirée pour regarder leurs mails et les filles atterrées découvrent que le Cercle Haussmann vient de subir une fermeture administrative. Le Cercle Wagram craignant d’être les prochains, demandent aux croupiers « à mi-temps » de rester chez eux. Si Marion est effondrée, Sabrina reçoit la nouvelle avec philosophie, voire soulagement.
« On a plus de vie quand on bosse la nuit, finalement c’était presque une bonne nouvelle. J’avais déjà postulé dans plusieurs grosses boîtes avec comme critère qu’il y ait un partenariat sportif, puisque je continuais toujours le Hand en National. J’ai passé des entretiens à la SNCF et j’ai été prise.
Sur mes temps libres et mes vacances, je continuais des émissions de télé comme croupière, d’abord sur NRJ 12 Le duel, puis sur Poker Mission Caraïbes. Entre le sport, la télé et le boulot, j’ai un peu mis en veille mes activités musicales.
Et puis j’ai rencontré Emilie qui montait la Team Ladies 770, j’ai dit oui de suite enthousiasmée par le projet et ça été le départ d’une vraie histoire d’amitié avec les filles ; avec comme récompense finale le bracelet de Vanessa. Mérité de par sa régularité : 8 TF de suite, j’ai kiffé comme si c’était moi !!! »
Je demande à Sabrina s’il n’y a pas un côté un peu schizoïde de passer du guichet de la gare de Lyon à des palaces au 4 coins du monde…
« Schizo non, j’ai toujours gardé les pieds sur terre et juste pris ça comme du bonus, des moments cadeaux. Le Poker est un amusement, qui m’a permis de faire de magnifiques voyages que je n’aurai peut-être jamais fait autrement : Vegas deux fois, les Bahamas, la Réunion !!!
Il y avait les joueurs de Main et nous on venait pour nos Ladies, deux mondes qui se rejoignaient. C’est sûr qu’on avait pas le même rapport à l’argent, que ce que je voyais était parfois excessif, que certains joueurs ne connaissent pas le prix d’une baguette de pain, mais c’était l’âge d’or du Poker, ils étaient hyper généreux, ça claquait dans tous les sens… peut-être que certains regrettent maintenant…
J’essaye de rendre ce qu’on m’a donné en faisant à mon tour ce que je peux pour les candidats de la Maison du Bluff, en les faisant participer aux tournois bounty du mardi au Cercle Cadet. Je trouve l’Aventure de Christophe vraiment kiffante : voir un mec réaliser son rêve c’est beau et tant pis pour les mauvaises langues.»
Un regard sans concession et une grande bouche
Pas rancunière la Miss envers Kawa : son aventure télévisuelle s’est arrêtée avec la boîte de Prod, suite à un désaccord avec la Prod. Sabrina a son petit caractère, c’est même sa marque de fabrique et elle ne supporte pas qu’on puisse mal lui parler ou lui manquer de respect.
« Je n’aime pas les gens qui jugent et qui t’agressent bien protégés derrière leur écran. J’avais eu un conflit avec Gloub et quand on s’est vu en face à Deauville ça allait mieux car il était bizarrement moins virulent. Et puis finalement il est plutôt cool et pas du tout méchant.
Le prochain sur ma liste c’est Léo Laslandes. Il se fout de ma gueule alors qu’on se connait même pas, je ne sais même pas à quoi il ressemble, mais il y aura bien quelqu’un pour me le montrer sur un tournoi … »
Depuis que Poker 770 n’a pas obtenu sa licence en France, Sabrina joue moins. Elle reste l’active marraine du Club d’Auxerre et on la rencontre essentiellement à Cadet où elle s’occupe donc des VIP pour les tournois bounty. Nous évoquons le Poker féminin et par association d’idée la notion de « people » au Poker.
« Le Poker est encore plus qu’avant pour moi un loisir, un plaisir. J’ai pas assez de résultats pour qu’une room vienne me chercher, mais la porte reste ouverte.
Le Poker féminin a évolué pour l’élite. On donne peu de vraies chances aux femmes et je n’arrive à comprendre qu’on puisse se déclarer « pro » avec des micros contrats.
Celles qui couchent pour des stacking, franchement ça n’améliore pas l’image du Poker féminin et après les mecs ont tendance à nous mettre toutes dans le même panier. Moi je me paye mes tournois quand je peux, si je fais un peu de pognon je me fais plaisir en rejouant un tournoi ensuite. Si les filles veulent être stackées qu’elles fassent d’abord leurs preuves, mais aux tables !!!
J’ai eu la chance de participer à certains tournois comme Chypre et le Monténégro via la Team ladies de Roger c’est aussi de supers moments que j’ai vécu grâce à lui et Jackie.
Certaines font de la visibilité sur du vent, d’autres réussissent à se construire une vraie légitimité.
Pareil pour les peoples, on m’a reproché d’inviter Abou comme VIP… Abou a un vrai potentiel de communication, il est apprécié dans la Communauté PSLive, son tandem avec Sebastien Loew fonctionne bien et certains joueurs viennent à Cadet pour le plaisir de le rencontrer. Il y a trop de jalousie dans ce milieu. »
Le plaisir de la télé
Au moment où j’aborde le sujet de ses nombreux passages télé, Sabrina m’annonce qu’elle participe le soir même sur TF1 à Qui veut épouser mon fils. Pourquoi ce besoin de mettre en avant son image ?
« J’aime la télé, je suis extravertie, les caméras ne me font pas peur, ce n’est pas une question d’image. Je n’ai pas honte de ce que je fais ni de dire que c’est pour l’argent. L’émission de ce soir je l’ai faite pour le fun et pour le pognon pas pour trouver un mec !!! Je suis casée depuis 7 mois, très amoureuse, il fait aussi partie des sportifs de la SNCF mais en football et c’est comme ça que je l’ai rencontré.
On va s’installer ensemble, enfin on vit déjà quasiment ensemble… A court terme je veux changer de poste à la SNCF pour avoir mes week-end et plus de temps pour mes activités artistiques. A moyen terme me consacrer justement à fond à la musique : j’ai 33 ans et je ne veux pas avoir de regrets. A plus long terme je voudrais fonder une famille, avoir des enfants, c’est maintenant quelque chose d’envisageable … »
Elle a bien grandi la petite Sabrina en 4 ans : elle a gagné en maturité, on la sent aussi plus sereine et posée, tout en êtant toujours aussi déterminée et prête à relever tous les futurs défis de la vie.