Interview de Sandrine « fish.party » Candidate de la Top Shark Academy
Les histoires se suivent et ne se ressemblent pas. Après l’interview en forme de conte de fées de Louis Labrik , je ne m’attendais pas au chemin atypique de Sandrine.
Apprendre qu’une fille est assise sur un siège, certes éjectable, de la Top Shark Academy de Winamax, c’est déjà un plaisir en soi pour votre Mama. Quand en plus cette fille a un jeu solide et un capital sympathie intact dans la Communauté, que demande le peuple.
Sauvée par les votes à l’issue de la première semaine de compétition, Sandrine est à la fois combattive mais lucide et garde les idées claires. Son parcours personnel difficile lui a donné un moral de gagnante et une volonté d’acier.
Elle raconte sans fausse pudeur ses années difficiles marquées par un drame terrible qui lui a forgé le caractère et sa philosophie de vie.
Les années sombres
Elle est née et vit en Martinique le 18 juillet 1981, 33 ans donc et raconte ses premières années avec recul :
« Je suis fille unique, j’ai été élevée par ma mère avec un père totalement absent qui n’a jamais rien fait pour moi. Mon beau-père est entré dans la vie de ma mère et donc dans la mienne quand j’avais 8 ans. C’était un homme très manipulateur et très macho, qui vivait à ses crochets sans travailler. Elle était hôtesse de l’air, navigante puis au sol.
Nous avions une relation extrêmement fusionnelle. Elle était très dépressive à cause de ce que lui faisait subir mon beau-père et j’étais un peu la mère de ma mère, sa béquille.
Elle s’est suicidée j’avais 19 ans. J’avais deux choix : sombrer à mon tour ou avoir la rage de vaincre. Deuxième option«
Sandrine n’est pas vraiment une élève studieuse et avoue avoir toujours obtenu des résultats en bûchant au dernier moment :
« J’étais plutôt la rebelle au fond de la classe, boute-en-train et insolente. J’ai obtenu un BEP compta puis un Bac Action Communication Commerciale.
J’ai décidé très vite de monter ma propre boite : une société de livraison à domicile de DVD et pizzas.
Après quelques temps j’ai passé une année sabbatique à Montpellier et au retour j’ai créé ma 2e société, une boite de Pub s’appuyant sur divers supports papiers ou sur le net. Je suis une bonne commerciale et ça marchait super bien avec un CA de plus de 100 000€ par an.«
De la Grève au Poker
L’année 2009 est à graver dans le marbre pour Sandrine : rencontre de sa Compagne, la femme de sa vie et découverte du Poker :
» Une grève générale paralyse l’île et mon activité est au point mort. Une amie me parle de Poker en me disant qu’il y a peut-être de l’argent à se faire rapidement et facilement. J’ouvre un compte en ligne sur Everest et je passe une nuit blanche à jouer immédiatement séduite. Je suis euphorique, je vois de suite l’aspect psychologique du jeu et je fais un parallèle avec ma vie : gagner sans avoir les cartes.
Je rencontre peu après des amis qui organisent des parties entre amis. Je fais mon premier live : 20€, une trentaine de joueurs, le coeur à 10 000 et cette adrénaline !!! Je sais que je veux retrouver ces sensations-là !!!«
Elle continue donc à jouer, augmente peu à peu ses BI et un jour dépose fièrement 9000€ en rentrant devant sa compagne :
» La Win d’un tournoi de 70 joueurs à 500€ c’est vraiment le moment du déclic. Je décide de me faire coacher pour progresser et pouvoir jouer ailleurs qu’en Martinique où le niveau est très faible. C’est une telle passion pour moi ce jeu que j’avais du mal avec les fishs qui ne comprennent rien, ces gros machos qui vous payent seulement car vous êtes une femme pour vous mettre une horreur ou parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font !!!
Fabien Perrot m’a coachée 6 mois au rythme de 2 séances par semaine et a métamorphosé mon jeu et mon état d’esprit. Là j’ai arrêté car ça a un coût, mais je recommencerai c’est sûr : grâce à lui je suis une joueuse gagnante depuis 3 ans. Il continue à me soutenir et à me conseiller ; nous avons noué une vraie relation amicale et avec mon Amie, c’est mon principal soutien en ce moment pour la Top Shark. Il me boost à fond !!!
Durant mon 2e Vegas en 2013 j’ai joué les Dailys à 230$. 7 tournois et 2 ITM : 30/450 et une TF 5/600. Lors de l’un de ces tournois, j’ai sorti Chris Moneymaker et il est venu me voir à la pause pour me dire qu’il aimait beaucoup mon play et que j’étais une très bonne joueuse.
J’ai ensuite intégré la Team Pro My Poker Squad durant un an en même temps qu’Erwann Pêcheux et Adrien Guyon. (NDLR : interview d’Adrien à suivre demain)
Du Tilt à l’Academy
Troisième séjour à Vegas cet été, mais tout n’est pas rose à PokerLand et la Miss va l’apprendre à ses dépents :
» Ce Vegas 2014 a été cauchemardesque. Je voulais un bracelet, je jouais mon A-Game et rien ne passait. THE bad run au mauvais moment. J’étais dégoutée. J’ai réalisé la variance, la BR qu’il fallait pour amortir, j’ai besoin dans la vie de sentir que je contrôle les choses, j’ai tout remis en question et décidé de mettre en stand-by le Poker, direction la cuisine mon autre passion.
En pause depuis juin j’ai décidé de tenter la Top Shark. L’an dernier j’avais atteint le Stade 4, cette année c’est passé.«
« Intégrer cette Team c’est un rêve. Je joue avant toute chose pour avoir de la reconnaissance, bien avant l’argent. Je veux qu’on sache qui je suis. Pourquoi pas moi ?
Maintenant je suis aussi réaliste, je connais mes lacunes et même si je ne baisse pas les bras, je pense que ce contrat revient presque naturellement à Louis Labrik. C’est lui le Top Shark, ça doit être lui !!! Quel talent il a !!! 1800€ en 3 jours sur le challenge MTT !!! S’il gagne je serai sincèrement très heureuse pour lui tout autant que si c’était moi et cela me prouvera qu’avec le travail, le talent éclate toujours au grand jour !!!
Ma grande tante qui m’a adoptée et qui accepte avec tolérance le Poker et mon homosexualité m’a transmis des valeurs : respecter les gens pour ce qu’ils ont de bon, être dans l’humain. Louis est exceptionnel et a toutes les qualités pour être un ambassadeur de choix »
» Je vis très bien le fait d’être la seule fille, pour moi pas de différence. C’est parfois même un atout dans le jeu. On a toujours l’image des femmes jouant serré et je peux en profiter.
Pour moi un joueur sponso est un joueur qui amène de l’argent à la room, qui est régulier et qui sait être pédagogue. Je pense avoir ces qualités, être patiente et avoir une bonne lecture sur mes adversaires.
Mon pire ennemi a longtemps été le tilt, mais je gère ça de mieux en mieux. C’est ma copine qui tilt pour moi alors qu’elle ne joue pas, mais elle comprend le jeu.
Mon rêve serait d’être la nouvelle Vanessa Selbst, mon idole, à force d’années de travail et de persévérance. Je sais c’est très ambitieux mais c’est mon objectif et je me donne toujours à fond pour avoir ce que je veux, quel que soit la grandeur du rêve à réaliser.«
De l’ambition il en faut et souhaitons à Sandrine qu’elle la conduise à jouer dans la cour des grands sur les traces de son idole.